F-FFE-E ! Féminiser la FFE, enfin !

La FFE a publié récemment une programmation intitulée « plan de féminisation 2019-2024 », qui a été également présentée pendant les journées du championnat de France jeunes, conjointement par J. Wolfangel et M. Choisy. Nous avons tant réclamé des mesures en faveur de la mixité de la FFE que nous ne pouvons qu’applaudir, sincèrement et honnêtement, à cette initiative. A cette occasion, la FFE voit grand, avec une vision pluriannuelle concertée : félicitations, il n’était que temps !

Pour celles et ceux qui n’auraient pas l’envie de se plonger dans les 28 pages de ce texte, nous avons la joie de présenter sur notre page WEB une analyse détaillée

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Du neuf en 2019 ?

La fin 2018 et le début 2019 ont été marqués par des événements qui, nous l’espérons, marquent un tournant décisif:

Au niveau international, la FIDE vient d’annoncer sa volonté de soumettre la candidature des échecs en tant que sport additionnel ou sport de démonstration pour les Jeux Paris 2024.

Au niveau national, vous avez sans doute entendu parler et/ou été destinatrice d’un lien pour un sondage en ligne géré par la FFE ayant pour thème les femmes et les échecs (http://echecs.asso.fr/Actu.aspx?Ref=11635). De plus, la FFE a adhéré tout récemment à l’association Femix’Sports dont le but principal est « d’encourager la mixité et l’équité dans le sport ».

Ce sondage nous parait être une très bonne initiative, à condition que les résultats en soient analysés avec rigueur et honnêteté, et que les opinions exprimées, qui seront certainement multiples et riches, permettent d’entamer un débat que l’association E&M ! espère depuis longtemps. Dans cette optique, l’adhésion à Femix’Sports nous parait de très bon augure, tout comme les déclarations de fin d’année dernière du président de la FFE, relayées sur le site fédéral (post du 17/12/2018), qui vantaient l’enseignement du jeu d’échecs à l’école comme un outil « pédagogique et ludique qui renforce les valeurs citoyennes ». L’actualité ne cesse de nous rappeler que la mixité fait partie des aspirations citoyennes. Par ailleurs, sans vouloir préjuger de la décision du COJO[1] et du CIO, rendre les échecs visibles au plus grand nombre en profitant de l’élan médiatique des JO sera une très bonne chose si la communication autour de notre sport répond aux attentes de la population qui demande du spectacle, évidemment, mais est de plus en plus sourcilleuse quant à la place équitable des femmes.

Pour le développement d’un sport et d’un jeu qui fait notre joie, pour intégrer les échecs dans la grande internationale sportive, pour débarrasser le plus noble des jeux de cette étiquette ringarde et machiste qui lui colle trop souvent à la peau, il devient à l’évidence de plus en plus urgent de mettre en accord les fonctionnements internes de la FFE et de la FIDE, leurs règlements et leurs pratiques avec la plus simple des évidences : un homme vaut une femme. Ni plus, ni moins. Et vice versa.

 

Je terminerai cette rubrique de début d’année en rappelant que E&M ! achevant bientôt sa quatrième année d’existence, un renouvellement de son comité directeur aura lieu lors de la prochaine AG, qui, selon les statuts de l’association, me conduira à m’effacer, ainsi que la secrétaire et la trésorière, au profit d’un comité renouvelé, qui verra, c’est notre vœu le plus cher, la FFE et la FIDE s’engager résolument vers la mixité.

[1] COJO : Comité d’Organisation des Jeux Olympiques

« Pour moi, c’était un tournoi normal. »

Eva Perles est une jeune joueuse de 9 ans. Elle a poussé il y a trois ans la porte du club Marseille Échecs. Depuis ses débuts dans la compétition, elle participe uniquement aux championnats jeunes mixtes. Elle s’est qualifiée en 2018 pour les championnats de France poussins mixtes.

Je remercie chaleureusement Eva et son père, Michel, d’avoir accepté de répondre à nos questions.

Aude : Bonjour Eva, peux-tu nous raconter comment tu es arrivée aux échecs et dans un club ?

Eva : Je cherchais une activité et un jour, en allant chez le docteur, on est passés juste devant le club. On s’est dit que je pouvais essayer. J’ai bien aimé et je suis restée. On m’a demandé au fur et à mesure de jouer des petits tournois, et ensuite j’ai bien voulu faire un grand tournoi, pour essayer. Et ça aussi j’ai bien aimé.

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Parce que « mixte » ne signifie pas « chez les garçons » ou les Championnats régionaux IDF 2018

Mes amis qui ne jouent pas aux échecs me demandent toujours pourquoi dans certains tournois « les filles et les garçons ne jouent pas ensemble. » En général, c’est dit sur le ton de l’évidence : « il n’y a pas de différence entre le cerveau des filles et des garçons, c’est anormal de les séparer. » Je dois donc expliquer à chaque fois que, d’une part ce ne sont pas « les garçons » qui sont séparés des filles mais qu’il existe une catégorie féminine et une catégorie « mixte » où les joueuses s’inscrivent rarement, et que comme il n’y a que 10% à 20% de joueuses, il y en a moins de haut niveau. Résultat, passé un certain stade, sans compétitions féminines ou règles particulières, les joueuses finiraient par trop se raréfier. Je prends en général pour exemple le fait que Hou Yifan, la meilleure joueuse en activité et seule femme au top 100 mondial, n’y est jamais que 93e.
Il n’empêche que séparer les joueuses et les joueurs aux échecs, ça fait bizarre, même pour moi. Et on a déjà parlé sur ce site des problèmes qui viennent de l’habitude de trop jouer en féminin, notamment dans la formation des joueuses. J’ai donc été très heureuse que la Ligue d’Ile de France décide cette année de faire jouer ensemble les catégories féminines et mixtes lors des championnats régionaux des jeunes. L’idée était qu’il y aurait deux classements, le féminin et le mixte, et que les meilleures joueuses auraient ainsi l’occasion de se qualifier en mixte au championnat de France.

J’ai eu l’honneur d’être membre de l’équipe d’arbitrage, en charge de la catégorie Benjamins.

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Échecs & Mixte ! dans Europe Échecs

Un peu de lecture pour cette fin de week-end.

Une double page dans le numéro de février d’Europe Échecs avec les interviews de Jocelyne Wolfangel, Directrice Nationale des Féminines de la FFE, et Isabelle Billard, présidente d’Échecs & Mixte !

IB-petit

Côté lecture également, la FFE renvoie à un article de Tom Stafford au titre explicite : « Female chess players outperform expectations when playing men » (Les joueuses d’échecs ont de meilleures performances qu’attendu lorsqu’elles jouent contre des hommes). Bizarrement, la FFE y voit une incitation à continuer l’initiation des échecs auprès des femmes et jeunes filles mais pas une incitation à encourager la mixité.

Le chemin parcouru pour retrouver l’étude en question : la brève de la FFE, l’article du Figaro, l’article de l’Association for Psychological Science, l’ensemble du travail du chercheur (article et base de données), et enfin l’article lui-même.

 

Poing levé ou main tendue ?

Depuis quelques mois, l’actualité dans le domaine des relations homme/femme a été particulièrement intense, à tel point qu’elle m’a grandement retardée pour écrire ce message de vœux pour 2018. En effet, l’affaire Weinstein, la soudaine révélation de salaires différenciés entre actrices et acteurs, les haros sur les tableaux et les œuvres d’art du passé, les manifestes dans Le Monde et la tribune dans Libération parue peu après, la polémique sur l’écriture inclusive (j’en oublie certainement et ne cherchez pas un ordre chronologique à cette liste édifiante) ne créaient pas le climat serein que l’on pourrait espérer au moment du changement d’année, lorsque tous les espoirs sont permis.

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Une championne égale-t-elle un champion ?

Pourquoi l’immense majorité des joueuses participent-elles aux championnats féminins plutôt qu’aux championnats mixtes correspondants ? Il y a beaucoup de facteurs, et il serait difficile de tous les aborder dans un seul article. Je voudrais ici seulement parler de la tendance à vouloir attribuer la même valeur symbolique aux titres féminins qu’aux titres dits « mixtes ». Cela passe d’abord par le vocabulaire : un champion est un garçon qui remporte un championnat mixte. Une championne est spontanément interprétée comme étant une fille qui remporte un championnat féminin. « Championne » étant simplement le féminin de « champion », le terme devrait pourtant recouvrir exactement la même réalité, à savoir une fille remportant un championnat mixte. Mais pour cacher le fait qu’il y a actuellement moins de championnes que de champions, on préfère dévoyer ce titre que lutter contre la situation. A tel point qu’on a généralement recours pour les « vraies » championnes au qualificatif masculin « champion ». Une fille qui gagne cesserait-elle d’être une fille ?

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Les filles féminines seront-elles un jour des femmes et des joueuses ?

La Coupe d’Europe des clubs a eu lieu récemment. L’équipe féminine française a eu les honneurs du site internet de son club avec ce titre : « Coupe d’Europe Des Clubs Pour Les Filles du [nom du club].  » L’équipe en question était composée de quatre joueuses nées en 1988, 1991, 1994 et 1998, des jeunes femmes entre 19 et 29 ans, toutes majeures. Certaines payent sans doute leur loyer ou leurs impôts elles-mêmes, elles peuvent posséder un permis de conduire, elles ont le droit de vote.

Alice_in_Wonderland

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[Mise à jour] État des lieux de la mixité dans les championnats jeunes (départements & ligues)

Voici la suite du travail de compilation des résultats des championnats jeunes départementaux et de ligue (petits poussins à minimes) et de France (petits poussins à juniors). Le but est d’avoir une idée de la progression de la mixité sur l’ensemble du territoire. Vous trouverez ces données en suivant les liens suivants : championnats départementaux, championnats de ligue, championnats de France.

Les dernières données récoltées concernent l’année 2016-2017, donc avant que les nouvelles ligues ne prennent le relais. Ce sera très intéressant de voir comment ce nouveau découpage va affecter (ou non) la mixité des championnats jeunes.

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Sur la coupe de la parité 2017 : Ou comment pourrait-on éviter « les hommes devant, les femmes derrière » ?

Quand il est arrivé dans la salle de jeu, l’un de mes joueurs s’est écrié « Oh mais qu’est-ce qu’il y a comme joueuses ! J’ai jamais vu ça dans un tournoi… Attends, j’ai l’impression qu’il y a autant de joueurs que de joueuses, je vais compter… » Il a donc commencé à compter, jusqu’à ce qu’un autre joueur de l’équipe lui tape sur l’épaule en souriant et lui dise « Mais tu sais, on est à la Coupe de la parité, qu’il y ait autant d’hommes que de femmes, c’est précisément le principe ! » Donc, voilà, c’est ça La Coupe de la Parité : une journée ou deux où, aux échecs, on fait comme si, comme dans la vraie vie, avec autant d’hommes que de femmes dans la salle, un peu comme si c’était normal aux échecs. Je sais que pour certaines joueuses ce type de compétitions, comme les tournois féminins, donne un peu l’impression de jouer dans une réserve naturelle, mais j’aime beaucoup cette compétition. Je l’ai jouée à chaque fois que j’ai pu, ne dépassant néanmoins jamais la phase Ligue. L’ambiance est agréable, et je trouve que c’est une bonne idée de faire jouer des équipes mixtes et aussi, si possible, de faire jouer des joueurs contre des joueuses. Elle me semble toujours un bon indice de la recherche de mixité dans les clubs : si un club est capable de faire une équipe mixte, cela veut dire qu’ils ont au moins deux joueuses, qu’elles ont envie de faire de la compétition au moins une fois dans l’année et qu’il y a des joueurs qui ont envie de participer avec elles. Et tous les clubs n’ont pas ça.

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