Le mot de la présidente

Échecs et Mixte, que j’ai l’honneur de présider, est une association qui œuvre pour atteindre la mixité dans le domaine des échecs, plus particulièrement dans le cadre des compétitions et activités liées à la Fédération Française des Échecs.

La mixité, cela ne veut pas dire, comme on l’entend parfois, déposséder les joueurs masculins de leurs droits, ou imposer aux licenciées des choses dont elles ne veulent pas. Nous travaillons à ce que les joueurs et les joueuses puissent trouver leur place et se sentir respecté-e-s dans le monde des échecs. Cela ne peut se faire sans une augmentation significative de la proportion de licenciées, car c’est en évoluant dans un monde mixte que chacun s’habituera à considérer les femmes comme des joueuses, des arbitres ou des responsables de clubs aussi compétentes et respectables que leurs homologues masculins. Chacun verra ainsi qu’une femme qui joue aux échecs n’est pas une exception, un animal rare ou un gain toujours facile, mais une équipière, une capitaine d’équipe ou une adversaire comme les autres.

À l’heure où j’écris, il y a moins 20% de licenciées à la FFE. Certain-e-s s’en réjouissent : dans d’autres pays d’Europe c’est beaucoup moins. D’ailleurs, à la FFE, cette proportion fut bien plus faible, et on imagine parfois qu’il suffirait de laisser les choses aller leur cours pour que cela augmente doucement jusqu’à 50%.

Je pense que c’est faux. Notre association étudie l’évolution de la part de licenciées depuis longtemps, et nous savons qu’en laissant les choses se faire « naturellement », nous n’obtiendrons une mixité réelle que d’ici des dizaines et des dizaines d’années, et encore, si tout se passe bien. Des actions concrètes sont nécessaires pour que les petites filles, les adolescentes et les femmes puissent découvrir ce sport et voir si cela leur plait. Comment pourraient-elles savoir qu’elles aiment jouer aux échecs si on ne leur montre jamais que c’est pour elles, si on ne va pas contre les préjugés qui font croire si souvent que c’est un jeu masculin ? Et une fois qu’elles ont découvert le jeu, d’autres actions concrètes sont nécessaires pour leur montrer qu’elles peuvent rester en sécurité dans le milieu des échecs, s’y investir si elles le souhaitent, progresser au plus haut de leur potentiel sans qu’elles soient victimes de machisme ou de sexisme.

Les raisons pour lesquelles les femmes jouent moins aux échecs que les hommes sont multiples et peu étudiées, mais ce qui est certain c’est qu’avoir peu de filles ou de femmes dans un club n’incite pas à ce qu’il y en ait plus. Que celles qui arrêtent les échecs à l’adolescence ne donnent pas envie à leurs copines de continuer car elles se retrouvent seules. Ce en quoi nous croyons à Échecs & Mixte, c’est qu’avoir plus de licenciées fera que les clubs seront plus agréables pour toutes et tous, et donc que plus de femmes s’y inscriront. Nous pensons aussi que plus il y aura de joueuses plus on aura de chances de trouver des compétitrices exceptionnelles et de voir augmenter le niveau féminin.

Aller vers la mixité changera le monde des échecs : les clubs ne seront plus des boys clubs où les hommes sont entre eux. On y entendra moins de blagues lourdes. Les joueuses ne seront plus l’exception, elles ne se sentiront plus valorisées comme étant « la fille du club », « la féminine de l’équipe », mais elles seront vues comme des membres comme les autres, avec les mêmes capacités. On entendra sans doute beaucoup moins de gens analyser doctement les particularités des « échecs féminins ». Ce ne sera plus la même chose, sans doute. Ce ne sera plus la même communauté échiquéenne, certains penseront même qu’on y perd quelque chose. Mais en se retrouvant alors dans un univers mixte, on gagnera aussi beaucoup plus.

Sonia Bogdanovsky, avril 2021.

Mot d’Isabelle Billard, avril 2015

Nous sommes heureux de vous accueillir sur un site encore en construction. Nous espérons que vous apprécierez, au fil de vos passages et surfs, les diverses rubriques, déjà présentes et à venir. Vous y découvrirez, selon notre humeur et l’actualité échiquéenne, nationale ou internationale, des comptes rendus, des billets d’humeur, des critiques de film ou de livres, des interviews et des statistiques décortiquées. Une section bibliographique vous donnera accès à des articles, interviews ou autres documents que nous jugeons importants dans le contexte de notre association, qui seront parfois commentés et vous permettront de vous faire une opinion sur un point précis ou un autre. Enfin, des liens vers d’autres sites, d’associations notamment, vous permettront de découvrir toute une planète de mixité.

L’association Echecs & Mixte ! que j’ai l’honneur de présider a pour vocation de remettre en perspective la disparité hommes/femmes du monde échiquéen, de discuter (et éventuellement de combattre) les arguments avancés pour expliquer (ou justifier…) cet état de fait et de proposer des mesures adaptées au but ultime que nous nous sommes fixés : une mixité parfaite dans ce noble jeu.

Il est tout d’abord vital de définir précisément ce que nous entendons par « mixité parfaite » aux échecs. Selon moi, la mixité sera atteinte lorsque autant de femmes que d’hommes seront inscrits à la Fédération (FFE ou FIDE, n’ayons pas peur des objectifs !), que la probabilité pour un joueur de rencontrer un adversaire quelconque ne dépendra pas de son sexe mais uniquement de son Elo et que la répartition des Elos féminins et masculins sera similaire. Nous pourrions ajouter qu’autant de femmes que d’hommes seront présents à tous les niveaux de la pyramide institutionnelle de la fédération (président(e) de club, membres des comités de ligue, entraineurs, arbitres, membres de la FFE etc.). Il est à parier que ces objectifs (niveau, nombre, représentativité) progresseront plus ou moins de concert.

Il est évident que cet objectif de mixité ne pourra être atteint qu’après un travail de longue haleine, que nous comparons volontiers à la lente émergence des femmes dans le milieu scolaire et universitaire. Aucun de ceux qui lisent ces lignes n’était encore né lorsque l’opinion communément admise était que les femmes étaient trop stupides pour obtenir le certificat d’études, puis le baccalauréat mais certains d’entre vous (et moi en particulier) se souviennent certainement de l’intégration d’Anne Chopinet à l’école Polytechnique, classée première au concours d’entrée s’il vous plait. Peu d’entre vous savent cependant qu’elles étaient sept femmes à intégrer cette première promotion féminisée en 1972 et qu’Anne Chopinet est mère de cinq enfants. Les échecs, qu’ils soient considérés comme un sport, un jeu, un loisir ou tout cela à la fois n’en sont pas moins une discipline intellectuelle, nécessitant des capacités très proches de celles requises au cours des études. Ainsi, l’évolution observée tout au long de la chaine éducative nous laisse augurer favorablement du but défini par notre association.

Toutefois, cette évolution que nous jugeons inéluctable ne pourra se faire sans la participation active de toutes les bonnes volontés et un retour de chacun sur les stéréotypes qu’il véhicule parfois à l’insu de son plein gré, pour reprendre un mot célèbre. Non, le pendant d’une compétition féminine, c’est-à-dire strictement interdite aux hommes, n’est pas un championnat mixte mais bien un championnat masculin strictement interdit aux femmes. L’établissement d’un tel championnat ferait sans doute pousser de hauts cris à bien des joueurs et joueuses, pour de nombreuses raisons que nous soutiendrons, aussi nous parait-il surprenant, pour ne pas dire éminemment regrettable, que les nombreuses compétitions strictement féminines existantes ne soient pas plus décriées. Nous soutenons l’éradication progressive de cette distinction femme/mixte aux championnats de France Jeunes, pour commencer. C’était le but de la pétition lancée il y a quelques mois sur Change.org et toujours en ligne.

Si vous partagez nos convictions, si vous avez des suggestions ou des témoignages, si vous pensez que tous et toutes, ensemble, nous pouvons tendre à cette mixité par des actions et des revendications étayées et argumentées, contactez-nous via la page dédiée, rejoignez l’association, signez la pétition et surtout, agissez à votre niveau pour que cette disparité ne soit un jour plus qu’un souvenir.

Les petits ruisseaux font les grandes rivières et les pions arrivent à dame.

Isabelle Billard.

3 opinions sur “Le mot de la présidente

  1. Bonjour,

    je soutiens sur beaucoup de points cette initiative mais je la trouve un peu trop jusqu’au « boutiste ».
    L’égalité homme/femme ne doit pas occulter le fait que les hommes et les femmes sont différents et que ce n’est pas que sociétal. Vouloir, par exemple, qu’autant d’hommes que de femmes soit inscrits dans les fédérations est un objectif qui ne prend pas en compte ces différences. C’est comme vouloir qu’il y ait autant d’hommes que de femmes inscrits à la fédération de GRS ou de Natation synchronisée.
    En fait, je ne vois même pas en quoi cela fera progresser l’Humanité.

    De plus, je crois que pour que cette cause avance au niveau des échecs il faudrait d’abord que toutes les femmes y adhèrent. Si elles étaient toutes d’accord sur ce point, l’arrêt des compétitions féminines pourrait être acté dans des délais très bref. Mais est-ce que cela aurait le résultat escompté ?

    Je souhaite une bonne continuation à votre association.

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