Gravure d'une boussole en noire et blanc, avec pour légende "Fig.21 - Boussole."

Et maintenant,qu’est-ce qu’on fait ?

Au printemps dernier, les élections ont amené à la tête de la FFE une nouvelle équipe, celle de la liste menée par Éloi Relange, dont le programme est celui qui nous avait paru le plus sérieux et le plus développé concernant le secteur féminin. Nous félicitons bien sûr cette liste. Ce changement en a entrainé d’autres : plusieurs branches de la FFE ont renouvelé leur direction, la Direction Nationale des Échecs au Féminin (DNEF) a disparu, nous nous réjouissons de la création d’une « Commission Mixité », et enfin la commission Jeunes n’existe plus car les questions qui concernent les jeunes seront maintenant traitées « transversalement ». 

On ne s’en cachera pas, ces changements nous paraissent positifs, tant nous avons pu avoir le sentiment de ne pas avancer avec les personnes qui se trouvaient à la tête de la FFE ou de la DNEF par le passé : l’impression frustrante de faire du surplace, d’être ignoré, de devoir se placer en opposition alors qu’on voulait avant tout travailler de manière constructive. Rappelons par exemple l’affaire du plan de féminisation de la FFE : nous avons compris durant la campagne que ce plan était indispensable pour obtenir l’agrément sportif pour notre fédération… mais que sa réalisation l’était beaucoup moins… Ce pourquoi, alors qu’il avait été annoncé tambour battant, il n’a que très incomplètement été réalisé par l’équipe Kouatly.

Un sextant
Crédit photo : Rama, CC BY-SA 3.0 FR https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/fr/deed.en, via Wikimedia Commons

Une phase plus constructive ?

Nous espérons donc travailler de manière plus constructive avec la nouvelle équipe qui se trouve à la tête de la FFE. Certain-e-s membres d’É&M ont intégré des commissions fédérales. Il est assez normal qu’après des années à faire des propositions pas toujours entendues par notre fédération, il est temps pour elleux d’essayer concrètement et directement d’améliorer les choses.

Mais nous continueront, à Échecs & Mixte ! à nous exprimer sur ce site et à communiquer avec ceux qui dirigent la Fédération Française des Échecs pour faire des propositions, évaluer son action et, s’il le faut, dénoncer ce qui ne va pas[1]. Nous espérons néanmoins que nous entrons dans une phase plus constructive de notre action.

D’autres manières de militer

À Échecs & Mixte, nous devons aussi réfléchir à d’autres manières de militer. Nous allons par exemple essayer de mieux communiquer avec les Ligues pour voir les diverses manières d’arriver là à la mixité, notamment dans les championnats de Ligue Jeunes où les filles et les garçons joueront ensemble. Durant la campagne, Éloi Relange et son équipe avaient assuré qu’ils étaient pour la mixité aux championnats jeune, mais qu’il fallait d’abord, pour l’appliquer aux Championnats nationaux, que les Ligues décident elles-mêmes de l’appliquer dans les championnats régionaux. Sauf que ça simplifierait bien les choses que les championnats nationaux commencent par appliquer la mixité. Par exemple, actuellement, dans les ligues qui appliquent la mixité, on a des « doubles qualifiées », c’est à dire des compétitrices qui sont qualifiées à la fois en féminin et en mixte au terme du championnat régional. Il faut qu’elles fassent un choix, et ce choix peut être fait dans la semaine qui suit le championnat dans certaines ligues (ce qui arrive par exemple en IDF, où donc les filles et garçons moins bien classé-e-s attendent pour savoir si c’est une place en mixte ou en féminin qui va être libérée) ou, dans d’autres ligues, avant même de jouer, quand les joueuses ne sont pas encore conscientes de leur niveau. Cela crée des différences entre les Ligues pour la qualification des joueuses en mixte. 

C’est bien compliqué, non ? Alors que si les championnats de France Nationaux Jeunes étaient mixtes, chaque Ligue n’aurait qu’à envoyer un nombre déterminé de filles et de garçons, et il n’y aurait plus parmi les joueuses de « qualifiées mixte » et de « qualifiées féminines », juste des « qualifiées ». Filles et garçons joueraient ensemble avec à la fin un double classement, ce qui permettrait à certaines joueuses qui ont besoin de se sentir entourées de continuer à se retrouver « entre copines » aux championnats de France, et plus personne ne ferait pression sur les joueuses pour qu’elles aillent « chez les filles » parce qu’il y est plus facile de gagner des coupes, mais où leur résultats risquent de s’étioler dans un championnat moins sportif. 

Au XII siècle, on se représentait le monde comme sur cette carte établie par le géographe Al Idrissi. À Échecs & Mixte ! on espère qu’un jour la séparation entre filles et garçons dans les championnats jeunes ne sera plus, tout comme cette carte, qu’un témoignage du passé.

Voilà les perspectives vers lesquelles nous allons, perspectives dont nous pourrons discuter avec nos membres lors de notre prochaine Assemblée Générale. Nous serons par ailleurs toujours heureu-x-ses d’apporter notre expertise à tous ceux qui s’intéressent  aux femmes dans le domaine des échecs et de recueillir les témoignages de celles qui veulent nous faire partager leur expérience dans ce domaine.


[1] Nous pouvons en profiter, au passage, pour remarquer que l’équipe d’arbitrage pour le championnats de France Jeunes en octobre à Agen ne compte toujours que 30% de femmes arbitres. Même si la situation est assez compliquée pour cette édition, on peut peut-être se dire qu’il faut qu’à l’avenir la FFE et la DNA trouvent enfin des solutions pour arriver à des équipes mixtes.

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