Et si on arrêtait de se battre ? par Mathilde Choisy

 

J’ai appris à jouer aux échecs en famille durant l’été 1995 avant de rejoindre dès la rentrée 1995 l^A8FC8B81C816247349C98AE58C3FBC1E5AFCFB2CFB7AF2560F^pimgpsh_fullsize_distre club d’Agneaux Saint-Lô. J’ai eu la chance de tomber dans une région où les catégories étaient mixtes lorsqu’il n’y avait pas assez de joueuses et lors de mon premier championnat de Basse-Normandie en février 1996, les petites poussines jouaient avec les petits poussins. J’ai remporté ce championnat, en mixte, et jouer avec les garçons les qualifications départementales ou régionales est devenu une banalité.

J’étais par la suite qualifiée d’office aux championnats de France jeunes tous les ans. Le comité et la ligue m’autorisaient à jouer les championnats qualificatifs soit dans la catégorie féminine au-dessus (j’ai joué une fois en pupillettes lorsque j’étais poussine), soit chez les garçons (c’est arrivé une dizaine de fois). Après avoir gagné plusieurs fois chez les garçons, j’ai d’ailleurs arrêté de jouer les qualifications, d’abord départementales puis régionales parce qu’elles n’avaient plus d’intérêt sportif.

La chasse aux titres

J’ai souvenir que j’ai été accusée plusieurs fois de truquer le championnat garçon au profit de mes camarades de club pour leur assurer la qualification (oui, on ne peut pas gagner toutes les parties ; oui, parfois on perd contre des garçons, et oui, parfois ils sont du même club). J’ai perdu une année contre Maxime Maugendre (pour ne pas le citer), qui a remporté les qualifications alors qu’il n’était pas du tout favori et où les critiques pleuvaient. Quand une fille s’engage dans un championnat mixte sans avoir sa qualification en jeu, qu’elle est favorite, elle n’a aucune ambition sportive, elle est forcément là pour donner ses parties et ses points et favoriser son club. Non franchement, à quel moment des parents, entraineurs, présidents, sportifs, compétiteurs arrivent encore à imaginer qu’un enfant va être content de perdre délibérément un titre et une partie ?

 

Jamais dans mon enfance mon club m’a demandé de perdre, de lâcher une nulle pour qu’un camarade se qualifie. Et j’avais de toute façon un tel esprit de compétition que je ne l’aurais pas fait. J’étais là pour gagner et gagner chez les garçons était d’autant plus appétissant.

 

J’ai beaucoup discuté, suite à la création de l’association, avec des dirigeants de comités ou de ligues opposés à la participation aux qualifications départementales ou régionales dans la catégorie mixte d’une fille déjà qualifiée aux championnats de France jeunes. Le seul et unique argument fait froid dans le dos : la participation d’une fille déjà qualifiée pourrait truquer le championnat (!). Et bien j’ai envie de dire aux équipes pédagogiques, aux clubs, aux parents que d’une part, les trucages existent sans la participation des filles avec la nulle arrangée à la dernière ronde qui qualifie les deux enfants et qui arrange bien tout le monde. Et que d’autre part, un enfant, un compétiteur, ne truquera jamais une partie tout seul et que c’est à vous de ne pas enseigner ce genre de pratique. Une qualification pour les régionaux, les championnats de France, les championnats d’Europe, les championnats du monde : ça se mérite. Si votre politique est de faire du chiffre, d’avoir un qualifié ou un titre de plus pour la gloire de votre club et d’offrir aux enfants ce qu’ils ne méritent pas en arrangeant des parties, cela vous regarde mais n’empêchez pas les filles de participer à un tournoi intéressant pour leur progression.

 

J’entends souvent qu’il faut demander l’avis aux petites filles, si elles préfèrent jouer dans la catégorie filles ou garçons. Je me suis qualifiée en mixte maintes fois, j’ai eu la possibilité de jouer les championnats de France chez les garçons pendant toutes ces années. J’ai souvenir que mes parents et mon entraineur me le proposaient tous les ans et j’ai toujours refusé. Pourquoi ? Parce que ma seule obsession c’était d’être championne de France et de pouvoir aller au championnat d’Europe et au championnat du monde. Quand on est enfant, on rêve d’avion, de voyage, d’équipe de France et puis « Europe » et « Monde », ça sonne tellement bien ! Avec le recul, mes ambitions étaient bien ridicules. Mais quand on est gamine, la simple idée d’être privée de cette récompense parce qu’on s’engage dans un championnat plus fort est rédhibitoire. On ne s’imagine pas une seconde que le fossé va se creuser jusqu’à devenir un gouffre et qu’on se réveille à 20 ou 25 ans en se disant juste « Merde ».

 

Aujourd’hui, j’ai 27 ans et un regard totalement différent sur ma passion et mon apprentissage.  Il m’arrive régulièrement de devoir expliquer ce « problème » – pardon, cette passion – en société. Par chance, les gens, par correction, font semblant de s’intéresser, ou bien s’intéressent vraiment. Et à un moment arrive sur la table cette question : ça se passe comment les compétitions ? Et c’est là qu’il faut leur dire que les échecs ne sont pas mixtes, que non, les hommes et les femmes sont séparés, qu’il y a un fossé énorme entre le niveau des hommes et des femmes. Et ces personnes, hommes ou femmes, me demandent choqués : mais pourquoi ?

Je ne suis pas là pour expliquer les dizaines de raisons pour lesquelles les hommes sont supérieurs aux femmes aux échecs. Et à vrai dire, si j’ai une idée assez précise de la question, je crois que ce débat souvent nauséabond n’a pas lieu d’être.

 

La mixité dans le sport

A l’heure où le comité olympique réfléchit à des JO « mixtes », à des équipes mixtes au basket, au volley et dans les sports aquatiques, où la natation synchronisée, le Bobsleigh ou le Skeleton se mettent aux équipes mixtes, où les jeux olympiques des jeunes viennent de tester la mixité dans une multitude de sports dont la natation, où Lindsey Vonn demande à concourir avec les hommes en descente de ski,des femmes sont pilotes d’essai de Formule 1, pourquoi le roi des jeux ne s’interrogent même pas sur sa mixité ?

 

Pourquoi, en octobre 2014, la pétition lancée par Isabelle, Aurélie, Mathilde et Aude pour rendre mixtes les championnats de France d’échecs des jeunes n’a pas suscité le moindre intérêt de notre fédération ?

 

La réponse est simple : parce qu’elle va à l’encontre de tout ce que propose notre fédération.

 

Est ce qu’on ne pourrait pas concilier nos points de vue ? Est-ce que les compétitions féminines et la mixité sont totalement antinomiques ?

 

La politique « féminine » de la fédération aujourd’hui (si tant est qu’il y en ait une) est clairement et entièrement destinée à la pratique loisirs, à ce que j’appelle « les échecs Interflora ». Je ne suis pas contre ces tournois parce que certaines femmes y trouvent leur compte et sont ravies de se retrouver entre elles pour partager leur passion sans nécessairement avoir les réflexions habituelles d’un milieu foncièrement machiste.

Moi-même, j’adore le top 12 féminin. Parce que je passe 4 jours entre copines dans une compétition où l’enjeu sportif reste mineur et où j’ai la chance d’avoir une équipe qui passe les phases de poules sans grand stress. Où je ne suis pas là avec la responsabilité d’une participation au National, où avec l’enjeu souvent crucial du point au 8ème échiquier en top 12.

C’est sympa le top 12 féminin parce que c’est récréatif. Mais est-ce que cette compétition me fait progresser ? Clairement non. Tout le monde sait d’ailleurs que dans l’ancien format avec 5 rondes du vendredi 17h au dimanche 14h, les parties étaient proprement dégueulasses. Est-ce qu’elle a un grand intérêt sportif ? Non, du moins pas avant les demi-finales, parce que les écarts entre les équipes sont trop importants. Mais pourtant j’aime cette compétition et je ne souhaite pas sa disparition.

 

Le problème et le débat ne sont pas là. Ce n’est pas tournois féminins versus tournois mixtes, ce n’est pas femmes versus hommes, ce n’est pas de savoir si les hommes ont plus d’habilités naturelles ou acquises à jouer aux échecs. La question aujourd’hui est : que fait-on du haut niveau féminin ? Et comment aider les jeunes filles à progresser ?

 

Soyons clairs,  l’émulation est source de progrès et les hommes dominent allègrement le jeu d’échecs aujourd’hui. Alors est-ce qu’on ne pourrait pas simplement entériner cette mixité pour favoriser la progression des filles ? Est-ce qu’on ne pourrait pas supprimer ce plafond de verre que les jeunes filles ont au-dessus de la tête ? Changer leur objectif annuel pour qu’il ne soit plus d’être dans le top 10, sur le podium ou championne de France chez les filles mais en catégorie mixte ?

 

Le national féminin

Certains me diront que j’ai joué le National féminin cette année malgré mon appartenance à l’association. Je l’ai fait pour plusieurs raisons. La première est financière. La deuxième est simpliste : faire ma deuxième norme. La troisième c’est que j’avais décidé de l’aborder autrement qu’une énième compétition féminine, je l’ai pris comme une occasion de travailler les échecs. J’ai beaucoup appris dans ce tournoi, pas particulièrement par mes parties mais surtout par le travail que j’ai fait le matin pendant 11 jours. Parce que, oui messieurs les commentateurs, les filles – aussi – se préparent le matin et pas qu’un peu.

J’ai revu une bonne partie de tous les live audio des commentaires des nationaux avant d’écrire cet article. Passons allègrement sur le fait que le traitement des parties est totalement différent d’un National à l’autre. Il y a un point qui n’est jamais abordé et est pourtant crucial, ce sont les dynamiques entre les joueuses qui en sont à leur 10ème, 20ème, 30ème partie jouée. Nous nous jouons plusieurs fois dans l’année, j’ai coutume de dire que nous jouons deux nationaux : le top 12 et le National féminin. Il y aussi le top 12F qui amène à des confrontations, sans oublier le championnat de France rapide féminin et parfois même les opens. J’ai par exemple joué Nino Maisuradze 3 fois en 3 mois. Et bien vous ne pouvez pas imaginer à quel point c’est chiant d’en être à la 15ème ou 20ème partie Congiu-Choisy, Benmesbah-Choisy. Qu’on en arrive à tellement se connaitre qu’on fait des choix d’ouverture parfois douteux pour essayer de se surprendre et souvent des parties bien laides. Qu’on n’a plus envie de se jouer parce qu’on en a marre simplement.

Vous me direz que nous n’avons qu’à arrêter de le jouer. La réalité est celle-là : certaines le jouent parce qu’elles ont un réel intérêt sportif à le jouer ou un objectif, d’autres le jouent parce qu’elles ont besoin d’argent pour vivre. Le système est pervers et tel que des filles sont devenues professionnelles en France, uniquement à cause du système des « échecs féminins », et qu’elles n’ont pas d’autre choix que de jouer ces compétitions même si elles en ont ras-le-bol.

L’idée n’est donc pas de supprimer toutes les compétitions féminines du jour au lendemain, ni de s’opposer diamétralement à la politique fédérale (parce que moi aussi j’aime Interflora parfois finalement !). C’est simplement d’aider les filles à progresser en les opposant aux garçons et à ce qui se fait de mieux dans leur catégorie d’âge le plus longtemps possible pour les tirer vers le haut. C’est d’arrêter de penser « titre féminin » et « échecs féminins », d’arrêter d’avoir une politique de résultats féminins, d’arrêter de voir des préparations de parties typiquement féminines. Si si, je vous assure que ça existe : regardez les parties du championnat de France jeunes, regardez le nombre d’attaques Grand Prix et autres conneries et pièges à la con préparés pour gagner facilement une partie chez les filles parce que l’objectif ce n’est plus de progresser mais de gagner. Gagner chez les filles…

 

Pour finir, si j’ai un conseil à donner aux jeunes filles qui ont de l’ambition dans les échecs, à leurs entraineurs, à leurs parents et aux clubs : ne faites pas des championnats féminins votre objectif annuel, essayez de vous accrocher autant que possible au train des garçons, ne vous focalisez pas sur les titres et la place au chaud qui vous attend au championnat d’Europe et du monde jeunes en accomplissant moins de travail que les garçons, ne vous contentez pas d’être la meilleure chez les filles, voyez plus haut, confrontez-vous aux meilleurs et peut-être que dans 10 ou 15 ans vous ne direz pas « Merde… ».

 

Mathilde Choisy

 

 

17 opinions sur “Et si on arrêtait de se battre ? par Mathilde Choisy

  1. Bonjour Mathilde,
    Pour avoir trois filles qui jouent/ont joué aux échecs je peux parler en connaissance de cause.
    Je voudrais dire que ce sujet est très intéressant … même si, comment dire, sans être désagréable, il me saoule quelque peu. Explications, d’abord sur ce que tu dis.

    – « J’ai souvenir que j’ai été accusée plusieurs fois de truquer le championnat garçon  »
    Ok, là pour ceux qui pensent encore çà, je crois bien qu’ils sont irrécupérables.

    – « J’entends souvent qu’il faut demander l’avis aux petites filles »
    Car elles sont les premières concernées !! Et d’abord, c’est leur avis qui importe le plus avant toute autre considération. J’ai expliqué ce que tu développes (niveau, ambition, etc) avec mes filles. Et bien, non elles veulent rester entre filles, elles n’ambitionnent pas les sommets. Elles m’expliquent qu’elles veulent juste prendre du plaisir, s’amuser et que si un titre (départementale ou autre) arrive, elles seront ravies c’est sur, mais c’est tout. Comment leur dire non ? Je ne peux pas et ne veut pas !

    – « Avec le recul, mes ambitions étaient bien ridicules » Même si je comprends ta réflexion, imaginez une seule seconde que de jouer pour un titre de championne du monde d’échecs n’était pas ambitieux … même 20-25 ans après, je pense que tu n’as pas trouver la meilleure façon de formuler çà.

    – « On ne s’imagine pas une seconde que le fossé va se creuser jusqu’à devenir un gouffre et qu’on se réveille à 20 ou 25 ans en se disant juste « Merde »
    Question simple : comment expliquer à une enfant ce qui va se passer si elle continue dans la voie uniquement féminine ? De lui dire, si si fais moi confiance dans 20 ans tu me remercieras …. C’est impossible, je pense qu’à cet âge là ces projections ne sont pas d’actualité et surtout pas compréhensibles, ce qui me semble logique (pour l’enfant).

    – « Et c’est là qu’il faut leur dire que les échecs ne sont pas mixtes, que non, les hommes et les femmes sont séparés »
    Grrrr, Faux !! Mathilde : deux catégories aux échecs, Féminine et Mixte !!!! Demande à Judith !!

    – « Est-ce que les compétitions féminines et la mixité sont totalement antinomiques ? »
    Une fille qui veut jouer avec les garçons jouera dans la catégorie mixte, c’est tout. Donc ce n’est absolument pas antinomique !

    – » Soyons clairs, l’émulation est source de progrès et les hommes dominent allègrement le jeu d’échecs aujourd’hui. Alors est-ce qu’on ne pourrait pas simplement entériner cette mixité pour favoriser la progression des filles ? Est-ce qu’on ne pourrait pas supprimer ce plafond de verre que les jeunes filles ont au-dessus de la tête ? Changer leur objectif annuel pour qu’il ne soit plus d’être dans le top 10, sur le podium ou championne de France chez les filles mais en catégorie mixte ? »
    Bein la catégorie mixte existe déjà, non ? D’ailleurs, tu y a participé maintes fois. Et crois moi, elles le savent très bien.

    – » C’est simplement d’aider les filles à progresser en les opposant aux garçons et à ce qui se fait de mieux dans leur catégorie d’âge le plus longtemps possible pour les tirer vers le haut. C’est d’arrêter de penser « titre féminin » et « échecs féminins », d’arrêter d’avoir une politique de résultats féminins, d’arrêter de voir des préparations de parties typiquement féminines ».
    Heu, on peut aussi faire un 100 m mixte ? Une coupe du monde de rugby mixte ? Ok, j’exagère.

    Mais en résumé vouloir oeuvrer pour le développement des échecs féminins et leur progression je dis très très bien.
    Proposer de « mixer » non !! Notre responsable jeune de la ligue (NPC) a fait une projection : dans un an moins 60 à 70 % de féminines … dans deux ans il y en aura une (peut-être). Bref, si on veut faire arrêter de jouer les filles, c’est la bonne solution ! Ah oui, c’est vrai on aura de la qualité comme disait notre ancien président CDJE 59, de la qualité avec zéro fille ou une (allez je suis optimiste) c’est n’importe quoi.

    D’ailleurs, je ne comprends toujours pas ce débat, si une fille veut progresser plus, elle jouera dans sa catégorie mixte. Regarde un peu Hou Yifan qui joue les championnats du monde en catégorie féminine et mixte (les qualifications).
    Il faut combler le « fossé » d’accord mais certainement pas de cette façon !
    Je ne reviendrais pas sur la pétition, moyen pour moi très maladroit pour faire passer ce message, mais je pense que se poser les bonnes questions, comme tu l’a fait, autour d’une table serait déjà un début de solution.
    Une fille qui veut progresser plus jouera le mixte, celle qui ne veut pas restera dans son actuelle catégorie. L’existence des deux catégories n’a jamais empêché un féminine de progresser, la preuve imagine que comme en athlétisme ou autre sport, il n’ y aurait eu que deux catégories : masculin et féminine, là qu’aurait on dit sur l’écart entre les hommes et les femmes ? Nous avons deux catégories dont une mixte alors pourquoi polémiquer ?
    Mais je suis d’accord qu’il faut aider les féminines pour aider à combler cet écart, l’actuelle DNF fait de son mieux je pense avec les moyens du bord … en tout cas ta volonté farouche de faire progresser les féminines est très louable mais ta (la) solution proposée inadéquate. Le remède miracle reste à trouver.

    Michel Barbaut

    • Bonjour,
      Je pense que la catégorie mixte n’a de mixte que le nom, il suffit de regarder les championnats d’Europe par équipes et l’exemple de la Géorgie : Nana Dzagnidze aurait sa place dans l’équipe « mixte » mais on préfère la mettre dans l’équipe féminine pour gagner un titre… aucune féminine dans la compétition mixte.
      Dans le Rhône tous les championnats départementaux jeunes étaient mixtes avec 2 classements séparés (garçons et filles)… est ce la solution ?
      Si j’ai bien compris, les filles vont arrêter de jouer parce qu’elle auront moins de chances de gagner des titres ? Dans ce cas j’arrête aussi…

      • Un classement « garçons » et un classement « filles » ? Mais je croyais que la catégorie « garçons » n’existait pas… 🙂

        Selon moi, il faudrait établir un seul classement, avec les qualifiés pour la catégorie mixte et la catégorie féminine. Si une fille est qualifiée des deux côtés, on lui demande alors (et seulement alors, pas avant le tournoi) de choisir et on qualifie la personne suivante dans la catégorie délaissée.

        Dans le Rhône, à une époque (j’ignore si c’est toujours le cas), ils demandaient aux filles de dire AVANT le tournoi quelle qualification elles visaient. Mais c’est très pervers comme système. C’est un bon moyen de s’assurer que les joueuses ne seront pas tentées de participer au championnat de ligue mixte, puisqu’elles préfèreront assurer une qualification (en catégorie féminine, donc).

        • Objection !! Je suis désolé mais ton explication qui ne tient pas la route et qui est pervers …. : lors d’un tournoi qualificatif (ce qui est le cas ici) il est impératif de savoir combien de places qualificatives il y a pour chaque catégorie (Féminin & Mixte) avant de commencer le tournoi ainsi de savoir si d’éventuelles féminines veulent participer en catégorie mixte !!!
          Quel joueur comprendrais que l’on puisse participer à un tournoi sans savoir le nombre de places qualificatives ???? Si une Miss est devant lui au classement, cela change quand même l’enjeu non ? Un exemple simple : ce joueur calcul qu’une nulle lui suffit pour se qualifier … nulle assurée mais une féminine devant lui, lui apprend qu’elle participe dans la catégorie mixte et hop au revoir la qualification …. pas très sport, non ?
          Si une féminine en veut vraiment, elle jouera dans la catégorie mixte ! Point barre !!
          Est-ce si compliquer à admettre ??

          • Peut-être que ce que je propose n’est pas parfait, mais au moins cela permet de ne pas être injuste avec les filles. Ce n’est quand même pas si compliqué à comprendre.

            Le système actuel que vous défendez, ce serait comme d’organiser en même temps les championnats de France jeune et « adulte » (ce dernier étant en réalité « toutes catégories ») et d’obliger les jeunes (et notamment les jeunes très prometteurs) à choisir entre les meilleures chances de se qualifier pour les championnats internationaux jeunes et la possibilité de viser la qualification pour le national. Alors, on pourra dire aux jeunes, comme on dit aujourd’hui aux filles : « tu as choisi de jouer en jeune, alors ne viens pas te plaindre que tu ne peux pas jouer le championnat toutes catégories ».
            Bien sûr, ce ne serait dès lors plus du tout un championnat « toutes catégories », mais bien, de facto, un championnat « adulte », du fait de ce faux choix offert aux jeunes.

            Une différence toutefois : l’âge est une catégorie à mon avis bien plus pertinente que le genre.

            Et sinon, des nouvelles de la fameuse projection ? Ou bien n’était-ce en réalité qu’une simple opinion personnelle de la part du responsable des jeunes ?

          • Pas d’onglet pour répondre à votre réponse (18/11 à 14h47) donc je réponds ici.

            Heu, bon là, je me dois de mettre les points sur les « i » comme on dit :
            – Tout d’abord, lors de la projection du Responsable jeunes de la ligue NPC (en réunion de CD), en présence du président CDJE 59 (de l’époque) Serge Weill, fervent défenseur de la mixité (!!), ce dernier, suite aux explications et documents apportés par le responsable des jeunes n’a pu qu’admettre la véracité des faits (et croyez moi que si il n’avait qu’une micro faille pour réfuter ou contredire cette explication, Serge l’aurait fait sans perdre une seconde ! Maintenant, si le responsable jeunes ne vous a pas encore contacté, je le relancerais volontiers lors de notre prochaine rencontre.
            – Vous mélangez catégorie d’age et de genre. Soyez au moins honnête de reconnaître que cela permet aux jeunes de participer ainsi à plus de compétitions Chpt Fr. jeunes & individuel (!!) et non pas adulte comme vous l’avez indiquez, (cf livre FFE A01.1), la mixité « jeune et adulte » que vous indiquez est donc complètement hors sujet et n’ aucun sens.
            – Injuste avec les filles ???, quand ces dernières ont le choix de jouer en catégorie « Féminine » ou « Mixte » !!! L’injustice aurait existé si les catégories avaient été « Féminine » et « Masculin » non ?. D’ailleurs, j’en connais une qui choisit systématiquement de participer au championnat rapide de ligue dans la catégorie féminine (et donc pour se qualifier pour la finale féminine ou elle affrontera encore des féminines) alors qu’au même moment a lieu le même championnat en mixte beaucoup plus relevé !! Je me demande si cela se produit aussi dans d’autres ligues …. faites ce que je dis pas ce que je fais !!

            Précision qui mérite, sans doute, son importance : je ne sais pas si il y a un meilleur système que celui actuellement mais une chose est sûre, celui que vous (et d’autres) proposez serait un fiasco complet pour l’avenir nos féminines !!!. Pour celà il suffit de répondre aux questions suivantes :

            1) La catégorie mixte existant déjà, pourquoi les féminines qui veulent « plus » n’y jouent pas ? De toute façon, c’est ce que vous proposez, une seule et même catégorie, alors ??? Et çà n’a pas découragé Judith, Hou, etc.

            2) Avez-vous pris conscience du nombre de filles que cela découragerais ? et qui arrêteraient, à plus ou moins long terme, de jouer de telles compétitions, si ce n’est d’arrêter de jouer tout court ?

            3) Plutôt que d’avoir « pétitionné », un sondage auprès de toutes les féminines sur cette proposition aurait été bien plus constructif . Bien ,entendu en leur expliquant objectivement de quoi il en retournerait.
            Mais, c’est peut-être que le résultat de ce dernier vous effraie ?

            Je suis à 100% avec vous dans votre objectif de faire évoluer les échecs féminins en France, mais la solution que vous proposez est tout simplement inadéquate.

  2. Chère joueuse d’échecs
    Je trouve ton article très intéressant et cela sent le vécu. Il y a un problème de mixité dans les sports en général mais je le trouve tellement flagrant dans les échecs. A la lala l’intelligence masculine supérieure, j’aimerai tellement que les gens comprenne que c’est depuis le plus jeune âge que nous encourageons les garçons à la compétition alors que les filles cela doit être du plaisir. Une petite fille ne doit pas avoir d’ambition ou alors elle doit viser ce qui lui est destinée, la petite case dans laquelle on la bien rangé.
    J’ai joué aux échecs des années pour…Le plaisir mais parce que je n’ai pas l’esprit de compétition mais parfois je me demande si on m’avait poussé un peu à travailler mes maths en deux…peut être que j’aurai un niveau un peu plus élevé et j’aurai joué des parties plus intéressantes, peut être qu’en me sentant l’égal des garçons, je me serais sentie également valorisée. Les échecs pour moi c’était les copines…peut être que cela aurait été cool que ce soit aussi riches pour mon intellect. Et j’aimerai qu,on me voit comme ancienne joueuse d’échecs plutôt qu’une possible féminine pour les inter clubs!
    Bonne journée Gaelle

  3. bonjour,
    suivez le lien suivant et vous verrez qu’une fille finit première, et pourtant le garçon 2ème a obtenu le titre du champion du Rhône (j’en déduis donc qu’il y a un titre masculin et féminin) :
    http://www.echecs.asso.fr/Resultats.aspx?URL=Tournois/Id/35715/35715&Action=Cl

    @M Barbaut : le système actuel ne fonctionne pas, vous citez Judith et Hou mais ce sont quand même des exceptions, mais il est difficile de trouver une solution : il faudrait attirer et fidéliser plus de filles mais si on enlève les catégories féminines des championnats (pour améliorer le niveau des meilleures) on risque de rebuter le plus grand nombre… quantité ou qualité ?
    PS : franchement vous êtes vraiment sûr que les filles ont le choix de leur catégorie ???

    • « si on enlève les catégories féminines des championnats (…) on risque de rebuter le plus grand nombre »

      C’est effectivement ce qu’on entend souvent, mais le dire ne suffit pas à rendre l’assertion vraie.

      Une autre hypothèse est que nos jeunes joueuses d’échecs aiment tout simplement jouer aux échecs. Et si on ne leur farcissait pas la tête avec ces histoires de séparation « mixte »/filles, sans doute joueraient-elles avec les garçons sans se poser de questions.

  4. Bon, dernière piqure de rappel , après j’abandonne lol :
    « C’est effectivement ce qu’on entend souvent, mais le dire ne suffit pas à rendre l’assertion vraie. », excusez moi mais cette dernière phrase est tellement absurde que je ne la commenterais pas !! Si quand même, quand çà sera

    • fait (si jamais çà se fait un jour) comment allez vous faire pour récupérer toutes les féminines perdues ??
      « nos jeunes joueuses aiment jouer aux échecs » sans les farcir de catégorie « mixte/filles » je suis sur le terrain depuis plus de 20 ans et c’est complètement faux. Elles ont le choix, elles le savent le comprennent et choisissent comme des grandes !!
      @David : Judith et Hou des exceptions ?? Evidemment, pourquoi d’autres ne suivent-elles pas le même chemin ? De toute façon si on fusionne mixte et filles, elles joueront avec les garçons ok. Et si elles jouent en mixte directement elles joueront encore avec les garçons non ? Alors, où est le problème ????
      Demandons leurs donc leurs avis ….. je suis sûr du résultat !!! CQFD. Bye

  5. « Et si elles jouent en mixte directement elles joueront encore avec les garçons non ? Alors, où est le problème ???? »
    Le problème est simplement qu’on leur demande si elles préfèrent jouer dans une sous catégorie ou jouer dans une catégorie normale. Et qu’à choisir, pour se qualifier elles préfèrent jouer dans une sous catégorie. Je suis aussi sur le terrain depuis 20 ans, en tant que joueuse, en tant que femme qui a eu ces choix à faire, en tant qu’entraîneur maintenant. Les filles jouent avec les garçons toute la semaine dans les clubs, dans les rapides, par équipe, dans les opens, ça ne les dérange absolument pas et d’un seul coup dans les qualifications ça les rebuterait ? Non, la seule raison c’est que c’est plus facile chez les filles…
    Dites aux filles que celles qui jouent chez les garçons sont qualifiées d’office, vous verrez si elles préfèrent jouer avec leurs copines ou pas. Je suis sûre du résultat aussi…
    Autre expérience : prenez des débutants et leurs parents, dites leur que leur enfant est convié aux championnats départementaux en leur disant que c’est mixte, personne ne trouvera quoique ce soit d’anormal.

    Concernant Hou, c’est un bien mauvais exemple pour une femme qui a perdu tant d’années à gagner des titres féminins… je vous invite à lire sa dernière interview : « For me now the more important thing is trying to improve my rating and be more compatible for the top fields. That’s my main goal in future, instead of just regaining my Championship title for how many times – that’s not really important! »
    Vous voyez, on peut trouver même un titre de championne du monde bien ridicule et « pas important »…

  6. (Alors le revoici…)
    Nous sommes encore en retard…

    La mixité ? Oui, qui oserait être contre ? C’est la suite imparablement logique de l’évolution humaine. La rechercher aux échecs est juste et naturelle. C’est tenter de progresser intelligemment dans ce jeu intelligent.
    Cependant nous ne parlons ici que du résultat que nous souhaiterions, alors qu’il s’agirait de mettre en place des moyens adaptés et réalistes, ce qui est loin d’être le cas pour l’instant. N’est-ce pas ?
    La mixité doit tout d’abord apparaître dans le nombre des individus qui s’assoient devant un échiquier. Lors des interventions scolaires, pas de problème, dans les clubs, elle est de 0% à 30% (et qu’on ne me parle pas des filles licenciées B par des interventions en milieu scolaire qui n’ont jamais mis les pieds dans la salle d’un club), et dans les compétitions mixtes par équipes chez les jeunes, elle n’existe parfois pas du tout.
    Le problème n’est pas – pour parvenir à nos fins – de mélanger tout le monde par principe, puisque de toute façon il n’y a pas, à la base le « tout le monde » qu’on veut à l’arrivée. La véritable question est de savoir comment on peut faire aimer durablement les échecs autant aux filles qu’aux garçons, ce qui est possible (c’est la seule certitude que nous avons). J’en profite pour évincer ici l’inutile débat des différences entre les uns et les unes, différences qui ont été scientifiquement argumentées pour un grand nombre d’individus, mais dont on se moque éperdument, puisque l’enjeu est d’abord de faire aimer ! Les filles soit disant trop ceci ou pas assez cela, se serviront de qualités pas forcément développées par certains garçons.
    Un constat approfondi s’impose pour déterminer les moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce qu’il convient d’appeler « la mixité de départ ». Des questions doivent nous interpeller, et des réactions doivent leur succéder :

    – Enseigne-t-on les échecs de la même manière à des petits agités de 6-8 ans qui ont déjà 5 ans de tablette derrière eux qu’à des filles du même âge souvent plus calmes ?
    – La petite fille n’a-t-elle pas elle-même besoin, pour s’identifier à un adulte, d’une mixité en face d’elle ?
    – La tenue de certains cours d’échecs, l’ambiance générale en compétition ou même en club ne font-elles pas fuir certaines filles, qui ont osé, seules, affronter cet univers ?
    – Les parents trouvent le foot complémentaire aux échecs, mais pas forcément le théâtre, la danse, le dessin ou la musique…
    – Les mamans ont-elles joué aux échecs petites ?
    Etc.
    Il y a beaucoup d’autres questions encore, auxquelles il conviendrait d’apporter des réponses pour arriver à cette « mixité de départ » pour laquelle je me bas depuis 30 ans, et des résultats ont été obtenus. Nous arrivons dans notre club de Marines (Val d’Oise) à avoir entre 30 et 40% de filles chaque année, dont des adolescentes.
    Il faut qu’on se réunisse pour y réfléchir ensemble.
    Philippe Pierlot

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.