Discours de Julien Clarebout: la mixité dans le Val d’Oise

Aujourd’hui Échecs et Mixte ! vous présente un texte préparé et lu par Julien Clarebout, arbitre valdoisien lors de l’assemblée générale de la ligue Ile-de-France tenue le 26 février, avec le soutien d’Alexandre Houlbert (Président du Comité départemental).

Ce discours s’inscrit dans la dynamique lancée par Christophe Paquin, Président du club d’Ermont visant à instaurer la mixité au niveau départemental et régional. 

Grille américaine

Je profite d’ailleurs de cet article pour présenter rapidement le travail qui a été fait récemment dans le Val d’Oise en termes de mixité et d’égalité hommes/femmes.

Armé de convictions fortes et de la volonté de faire évoluer les mentalités, le club d’Ermont a décidé de mettre en place la mixité lors de ses tournois, suivi de près par le club de Franconville. « Deux tournois jeunes, tenus récemment dans le département (à Ermont le 15 janvier et à Franconville le 26 février) ont donc été totalement mixtes et les récompenses ont été attribuées en fonction du classement uniquement. » nous rapporte Christophe Paquin.

Et les résultats ont été à la mesure de leurs espérances, sans toutefois les surprendre, puisque le podium chez les petits-poussins était à 66% féminin, avec une petite-fille vainqueur avec 7/7 et une autre troisième au départage, ex-aequo avec son camarade classé second (http://www.franconville-echecs.com/_rsc/rsc/249/poussinscl.html).

Le tournoi d’Ermont était quant à lui mixte et toutes catégories confondues. « Chez les plus âgés (dont le niveau est le plus fort), les garçons sont surreprésentés ; le titre a donc été remporté par un garçon. » explique à nouveau Christophe.

Des premiers résultats fort positifs donc, mais aussi encouragés par les participants : lors d’un tournoi jeunes organisé à Ermont, Christophe a annoncé entre deux rondes, que la mixité serait de mise pour ce tournoi. Il a été chaudement applaudi par le public, preuve que la volonté de séparer filles et garçons dès le plus jeune âge ne représente pas forcément l’opinion du plus grand nombre.

Voilà sans plus attendre, le très beau discours de Julien Clarebout :

 

« Mesdames, Messieurs les membres de l’assemblée générale. Madame la ligue Ile de France des échecs.

Je prends la parole ce jour pour mettre en valeur un choix d’organisation effectué dans 7 départements sur 8 d’Ile de France.

Cette année le comité directeur du Val d’Oise a présenté ce choix lors de son assemblée générale qui a approuvé à la très grande majorité la mixité des tournois lors du championnat départemental des jeunes.

Nous notons aussi que lors du R&B jeunes d’octobre 2016, la ligue a fait le même choix de la mixité et nous avons pu observer, en particulier dans les plus jeunes catégories que filles et garçons étaient parfaitement représentés sur le podium.

Preuve encore une fois que nous naissons tous libres, égaux et avec les mêmes capacités échiquéennes mais j’ose espérer que personne ici n’imagine le contraire. Notre sport étant l’un des plus beaux exemples d’accessibilité et d’ouverture d’esprit.

Quelle tristesse alors, de constater qu’une réelle mixité n’est toujours pas envisagée lors des championnats de ligue.

Un simple constat technique : l’utilisation d’un système suisse en 9 rondes pour un groupe d’une vingtaine de joueuses ne permet pas la tenue de parties équilibrées sur l’ensemble du tournoi. Sur 9 rondes nos joueuses ne font que 2 ou 3 parties de ce type permettant d’aider leurs progressions quand les garçons mènent des parties acharnées sur l’ensemble de leurs tournois.

La ligue Ile de France n’a pourtant pas à rougir de ses championnes et chacune d’entre elles nous a toujours représentés brillamment lors des championnats de France. On peut donc se dire que leur niveau exploserait si nous cessions de les freiner dans leur progression.

Devant ce constat, nous demandons à la ligue Ile de France, non pas de se positionner immédiatement dans la précipitation mais de réunir les acteurs de ses différentes commissions pour étudier la faisabilité et la manière d’organiser un véritable championnat de ligue où chaque joueur et joueuse serait traité à égalité.

Nous plaçons notre confiance en vous pour effectuer ce travail et nous transmettre votre réponse quand à cette demande. »

Julien Clarebout

 

La réponse de la ligue à ce discours fut plutôt bien accueillie puisque l’assemblée a approuvé « l’idée d’un travail de discussion et l’extension de cette réflexion à l’ensemble des départements pour, si le travail aboutit, pouvoir se présenter auprès de la fédération avec l’appui de tous les acteurs d’Ile-de-France. » nous écrit par mail Julien Clarebout, en rappelant malgré tout que c’était à la fédération que revenait la responsabilité d’instaurer la mixité à cette échelle.

L’accueil reste très positif et nous ne doutons pas que le département du Val d’Oise, emmené par Christophe, Julien, Alexandre et les membres actifs du club de Franconville, entre autres fera avancer les choses au niveau régional et nous espérons au niveau national.

Un grand merci à eux pour leur soutien à Echecs et Mixte ! et pour leurs actions menées au quotidien.

 

3 opinions sur “Discours de Julien Clarebout: la mixité dans le Val d’Oise

  1. Dans le Val d’Oise, le tournoi jeunes d’Ecouen, séparé en catégories d’âge, est également intégralement mixte depuis ses débuts, il y a plus de 20 ans 😉
    Cette année en Petit-Poussins, c’est d’ailleurs une fille qui a remporté le tournoi.
    Les grilles de cette année :
    http://www.echecs.asso.fr/Resultats.aspx?URL=Tournois/Id/41071/41071&Action=Ga
    http://www.echecs.asso.fr/Resultats.aspx?URL=Tournois/Id/41070/41070&Action=Ga
    http://www.echecs.asso.fr/Resultats.aspx?URL=Tournois/Id/41069/41069&Action=Ga
    http://www.echecs.asso.fr/Resultats.aspx?URL=Tournois/Id/41068/41068&Action=Ga

    Vive le Val d’Oise 😉

  2. La mixité ? Oui, qui oserait être contre ? C’est la suite imparablement logique de l’évolution humaine. La rechercher aux échecs est juste et naturelle. C’est tenter de progresser intelligemment dans ce jeu intelligent.

    Cependant nous ne parlons ici que du résultat que nous souhaiterions, alors qu’il s’agirait de mettre en place des moyens adaptés et réalistes, ce qui est loin d’être le cas.

    La mixité doit tout d’abord apparaître dans le nombre des individus qui s’assoient devant un échiquier. Lors des interventions scolaires, pas de problème, dans les clubs, elle est de 0% à 30%, et dans les compétitions mixtes par équipes, elle n’existe parfois pas du tout.

    Le problème n’est pas (pour parvenir à nos fins) de mélanger tout le monde par principe, puisque de toute façon il n’y a pas, à la base le « tout le monde » qu’on veut à l’arrivée. La véritable question est de savoir comment on peut faire aimer durablement les échecs autant aux filles qu’aux garçons, ce qui est possible et ce qui est probablement aussi la seule certitude que nous avons.

    Un constat approfondi s’impose pour déterminer les moyens à mettre en œuvre pour atteindre ce qu’il convient d’appeler « la mixité de départ ». Des questions doivent nous interpeler, et des réactions doivent leur succéder : enseigne-t-on les échecs de la même manière à des petits agités de 6-8 ans qui ont déjà 5 ans de tablette derrière eux qu’à des filles du même âge souvent plus calme ? La petite fille n’a-t-elle pas besoin pour s’identifier à un adulte elle-même d’une mixité en face d’elle ?
    La tenue de certains cours d’échecs, l’ambiance générale en compétition ou même en club ne font-elles pas fuir certaines filles, qui osent, seules, affronter cet univers ? Les parents trouvent le foot complémentaire aux échecs, mais pas forcément le théâtre, la danse ou le dessin et la musique…

    Beaucoup de questions encore, auxquelles il faut tenter d’apporter des réponses pour arriver à cette « mixité de départ » pour laquelle je me bas depuis 30 ans, et des résultats ont été obtenus. Nous arrivons dans notre club de Marines (Val d’Oise) à avoir entre 30 et 40% de filles chaque année, dont des adolescentes.
    Il faut qu’on se réunisse pour en parler.

  3. Bonjour,

    Bien sûr que nous ne recherchons pas seulement une mixité « juridique » où les filles et garçons joueraient dans les mêmes tournois sans se préoccuper de leur proportion respective ou de leur niveau respectif. L’objectif de mixité que nous défendons est aussi un objectif d’égalité. Nous serons satisfaites quand hommes et femmes représenteront chacun 50% de la population échiquéenne totale et 50% à chaque niveau de jeu. Ce n’est pas pour demain ? Sans doute, mais alors autant commencer tout de suite à faire bouger les choses.

    Je suis également très sensible au fait qu’en appliquant la mixité aujourd’hui, les filles vont se retrouver minoritaires dans les championnats jeunes. C’est bien pour ça que je trouve très important qu’elles soient accompagnées, soutenues, dans cette mixité. Il faut notamment lutter contre les stéréotypes de genre qui disent que les filles seraient naturellement moins fortes que les garçons, ce qui sape leur légitimité à participer à des championnats mixtes et à viser les mêmes objectifs sportifs que les garçons.

    « Il faut qu’on se réunisse pour en parler. » Très bonne idée. Je ne crois pas que les mixité et égalité réelles tomberont du ciel. Il faut s’organiser et avoir des actions concrètes pour les faire advenir. Et pourquoi le département 95 ne serait-il pas pionner dans cette démarche ? 🙂

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