A la une du site de la FFE, il y avait hier une vidéo sur le sujet « Top 12 au féminin ». Musique dynamique, de beaux portraits de joueuses, concentrées, ayant visiblement l’envie d’en découdre sur l’échiquier. La parole leur est ensuite donnée.
A part l’intervention finale de Marie Sebag avec une portée générale sur les jeunes joueuses – qui abandonnent malheureusement en trop grand nombre les échecs à l’adolescence, les autres joueuses interviewées (Fiona Steil-Antoni, Camille de Seroux et Cécile Haussernot) parlent de leur expérience concrète dans le Top12. Et on retrouve principalement des aspects déjà développés ici (ce qui montre bien que ce n’est pas le ressenti d’une seule joueuse), à savoir :
- le fait de jouer éternellement contre les mêmes adversaires,
- le fait de devoir sans cesse chercher de nouvelles lignes pour essayer de surprendre ces adversaires qu’on a rencontrées d’innombrables fois,
- le fait de jouer régulièrement contre de bonnes amies, ce qui exige un effort supplémentaire d’abstraction.
Mais au-delà de ce constat de la part des joueuses, on peut regretter l’absence de questionnement de l’ensemble du monde échiquéen sur ce sujet. C’est ce silence qui m’a frappée dans cette vidéo. On dirait que cette situation tombe du ciel, qu’il faut bien s’y faire puisque « c’est la vie », que c’est aux joueuses de prendre sur elles et de s’adapter au mieux.
Pourtant si cette situation touche particulièrement et principalement les joueuses – infiniment plus que les joueurs, c’est bien parce que cela découle d’une décision de la Fédération : la fameuse féminine obligatoire.
Est-ce qu’on ne pourrait pas prendre acte des (gros) désavantages de cette règle et chercher d’autres moyens de soutenir le haut niveau féminin, y compris financièrement ? Sommes-nous, joueurs et joueuses d’échecs, si dépourvus d’imagination que nous ne puissions remettre en cause une règle qui concentre les joueuses entre elles, ce qui a nécessairement des effets néfastes sur le plan sportif ?