Les « féminines » sont d’abord des joueuses d’échecs

Récemment, sur un forum échiquéen bien connu, un club publiait une annonce pour un tournoi féminin, et le premier commentateur, taquin, de s’exclamer « C’est bien la peine de signer des pétitions… » – faisant bien sûr allusion à la genèse épique d’Échecs & Mixte !

Après quelques échanges habituels sur le sujet, l’annonceur pose la question fatidique :

« A part boycotter (!) les tournois féminins, que proposez-vous concrètement pour faire avancer les échecs féminins ? »

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Focus sur Sandra Roubin, représentante des joueuses à la Fédération Royale Belge des Échecs

Sandra Roubin est représentante des joueuses à la Fédération Royale Belge des Echecs depuis 2013. Elle est aussi titulaire d’un master en sociologie-anthropologie. Son mémoire, écrit en 2014, est intitulé « Échecs et genre – À propos de la pratique du jeu d’échecs en club ». Il vient d’être récompensé par le deuxième prix 2015 de l’Université des Femmes (prix qui récompense chaque année des mémoires en études de genre). Pour l’occasion, nous reproduisons ici un de ses articles, paru dans Le pion f n°164 d’octobre à décembre 2014.

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Les femmes et les enfants d’abord (!?)

Faisant suite au premier volet consacré à l’état des lieux de la diversité des adhérent(e)s de la FFE, et à la demande générale (plus exactement, de ceux qui se sont exprimés sur le site), voici le résultat de mes réflexions sur la population échiquéenne française, du moins celle qui possède une licence. Comme vous le laisse deviner le titre, je me suis particulièrement attachée à décortiquer les profils des jeunes et des féminines, en gardant à l’esprit qu’un adhérent de la FFE peut être les deux à la fois ou ne répondre à aucun de ces critères.

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Parité, égalité, comptabilité : Episode I.

Un des buts affichés de l’association Echecs & Mixte ! est de proposer des mesures en faveur de la mixité aux échecs. Dans un précédent texte d’accueil, j’ai défini ce que pour moi le terme mixité signifiait dans le monde des échecs. Cette définition étant maintenant posée, ce texte est le premier d’une courte série visant à un instantané de la situation actuelle, afin de savoir d’où nous partons, puisque nous savons où nous allons. Cette tâche devra être répétée à intervalles réguliers, afin de juger de l’évolution, et ce suivi est également un des objectifs d’Echecs & Mixte ! Bien que l’association, ne reculant devant aucun sacrifice, ait une vision mondiale du problème, pour cette fois, nous nous limiterons à balayer devant notre porte, c’est-à-dire à examiner les chiffres de la seule FFE (1).

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Le cavalier de ces dames

     Pour aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, je ne vous parlerai pas du jeu d’échecs et mon propos sera tourné vers l’une des deux autres FFE, j’ai nommé la Fédération Française d’Equitation.

    Commençons par un petit retour en arrière sur l’art du cheval à travers les siècles. Je pense que tout un chacun tombera immédiatement d’accord que, jusqu’à ces derniers temps, l’équitation était une activité quasiment masculine, et le monde du cheval un monde d’hommes. Je n’en veux pour preuve que l’absence assourdissante de cavalières dans l’histoire : Tout à trac, il ne me vient à l’esprit que les amazones, demi-femmes puisqu’à demi-seins, Jeanne D’arc, brulée vive entre autre parce qu’elle avait refusé de reprendre ses habits féminins qui l’empêchaient de monter à cheval comme un homme et Lady Godiva, dont une seule (courte) promenade à cheval est répertoriée. A l’inverse, entre la garde républicaine, les uhlans ou Attila, j’en oublie, qu’ils me pardonnent, la mémoire collective est pleine de fringants cavaliers. Pour les temps récents et moins barbares, mentionnons Pierre Durand, dont le patronyme banal est associé au célèbre Jappeloup de Luze, tous les deux médaillés olympiques en 1988 (saut d’obstacle) ou encore Bartabas, et enfin, dans l’imaginaire collectif, Zorro et Lucky Luke.

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Proposition alternative à la `féminine obligatoire’

Mes réflexions sur la mixité aux échecs ne s’arrêtent pas aux championnats de France jeunes. Dans mon expérience de joueuse d’échecs, la question de la mixité est aussi fondamentale en ce qui concerne les interclubs. La volonté de pousser à la mixité est à mon sens une excellente chose. Pourtant j’ai longtemps été mal à l’aise avec la règle de la (et donc mon statut de) `féminine obligatoire’. Dans la première partie de ce texte, j’avance quelques inconvénients de la règle actuelle. Dans la deuxième partie, je propose une règle alternative. Enfin, le fichier excel joint à la fin du texte facilite le calcul de la règle alternative.

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Acte III, scène 2, vers 860.

Pour cette fois, je vais vous parler de théâtre. Après tout, on a souvent comparé les parties d’échecs à des pièces de théâtre miniature, où un destin royal se joue en une unité de temps, de lieu et d’action, comme l’impose la règle du théâtre classique.

Plantons donc le décor familier où va se jouer le drame classique qui fait le sujet de mon billet d’aujourd’hui : Un tournoi d’échecs, la pause entre deux rondes. Des joueurs se regroupent, discutent, commentent leur partie du matin, dans l’attente de la publication des appariements suivants. Certains ont gagné, d’autres ont annulé, d’autres enfin ont forcément perdu. Parmi ce dernier groupe, il va fatalement s’en trouver un ou deux pour tenter de justifier leur zéro pointé autrement que par la dure loi du plus fort, comprenez celle de l’adversaire. Soyez honnêtes, tous ici qui me lisez, des scènes de ce style, vous en avez écoutées, peut-être même en avez-vous jouées :

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Le mythe de la caverne

Les échecs, les femmes, les hommes et le mythe de la caverne

Pour ce premier billet d’humeur dans cette catégorie, je voudrais reprendre et pourfendre un argument maintes fois avancé par certains pour « expliquer » la supposée inaptitude biologique et/ou génétique des femmes pour le jeu d’échecs : j’ai nommé le « mythe de la caverne », en clin d’œil amusé et moqueur à la célèbre allégorie de la caverne de Platon, qui, plus sérieusement, «expose en termes imagés les conditions d’accession de l’homme à la connaissance de la réalité, ainsi que la non moins difficile transmission de cette connaissance » (d’après Wikipédia).

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